Le dévoilement d'une histoire oubliée

Publié le par LMC.J

Les enfants réunionnais déplacés en Creuse étaient accueillis lors de leur arrivée dans un foyer de Guéret5. "Certains ont été adoptés, d'autres sont restés en foyer ou ont servi de main-d'œuvre gratuite dans les fermes6", les paysans à travers la Creuse les utilisant alors comme « bonne à tout faire » ou « travailleur sans salaires ». L'historien Ivan Jablonka parle de cas de "mise en esclavage7". La plupart de ces enfants "ont été marqués à vie" ; Le Monde rapporte, outre les cas d'exploitation économique, les situations de maltraitance dans les familles adoptives8.

Les enfants déplacés ont été déclarés "pupilles d'Etat", "c'est-à-dire que leurs parents n'avaient plus aucun droit sur eux9", une minorité de ces enfants étaient orphelins. "Des centaines de parents illettrés signant des procès-verbaux d'abandon qu'ils ne peuvent pas déchiffrer, ils ne reverront jamais leurs enfants10".

"En août 1968, dans leur journal Témoignages, les communistes réunionnais ont dénoncé un "trafic d'enfants"" ; cependant, ce scandale d'Etat n'a été médiatisé que dans les années 200011.

Les fonctionnaires de la DDASS laissaient croire aux parents réunionnais auxquels ils retiraient les enfants que ces derniers connaîtraient un sort enviable en métropole ; en fait, certains sont devenus ouvriers, d'autres perçoivent le RMI ou le RSA, d'autres enfin ont été internés dans des institutions psychiatriques12.

Cet épisode de l’histoire française, très connu à la Réunion, est communément appelé l’affaire des Enfants de la Creuse ou des Réunionnais de la Creuse.

De 1963 à 1982, 1 630 enfants réunionnais « abandonnés ou non » et immatriculés de force par les autorités françaises à la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales, furent déplacés par les autorités dans le but de repeupler les départements métropolitains victimes de l’exode rural comme la Creuse, le Tarn, le Gers, la Lozère, les Pyrénées-Orientales. Ce déplacement d’enfants fut organisé sous l’autorité de Michel Debré, député de La Réunion à l’époque1.

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